2:48. Bam.
Bam.
Bam.
Bam.
Bom.
Bam… Bam… Bam… Bam… Bom.
Bam Bam Ba Dum D-D-Dum. Bam Bam Ba Dum D-D-Dum. Bam Bam Ba Dum D-D-Dum. Bam Bam Ba Dum D-D-Dum.

Je tambourine sur mon ventre au rythme d'une chanson au fond de ma tête, moi-même au fond de la semi-inconscience qu'est l'insomnie. Je suis crevée, bordel de merde. Et c'est précisément quand je suis aussi crevée que j'arrive pas à dormir. Vive les putain. De. Contradictions !

'Fait putain de chier.

La frustration monte, la motivation de bouger de ce stupide lit aussi. Je balance mon drap aussi loin que je peux et me lève d'une traite. KUSO LE VERTIGE DE MES DEUX-----

Je lâche un soupir et mon derrière sur le lit pour pas que ce soit un cri de rage à la place. Comment ça la situation nécessite pas que je m'énerve ? Vous savez ce que ça fait de passer toute une journée à s'entraîner, à ne vouloir que retrouver son lit à la fin de la journée mais de pas pouvoir fermer un seul œil tellement vous sentez que tout votre corps est lourd comme du plomb ? Et si seulement j'essayais de résoudre un problème ou quoi, y a que des flashs random qui passent et passent et passent. Et passent encore.

M'fin bref, pour le moment, c'est surtout le vertige de merde qui passe. Donc je me lève enfin, m'éclabousse la face avec de l'eau, remplit ma bouteille et me tire de ce bungalow. Sérieux, ce jet lag de merde, il est censé durer combien de temps ?

…

C'est pas vrai. Je serre les lèvres très fort et cligne des yeux dans l'anticipation de la cerise sur le gâteau. BAM. BAM. BAM. Là je tambourine pas, je frappe carrément mes jambes comme une télécommande en fin de vie. Come the fuck on legs ! Ah mais c'est pas vraiiiiiiiii ! Elles ont 0 force ! Putain, ça pue les courbatures pour demain ! Et le pire c'est que maintenant je peux dire au revoir à mon footing de-----

Je lève les yeux vers le ciel et expire bruyamment à travers mes dents. Ok, le sort. Aujourd'hui, on aime bien les prank, c'est ça ? Je serre les lèvres en sourire sarcastique. Ha. Ha. Ha. Très drôle, le sort. Ou le destin. Ou les circonstances. Ou je m'en tape en fait, je crois pas nécessairement à ces conneries.

Me résolvant à accepter qu'aujourd'hui ce ne sera qu'une petite marche pas trop loin des bungalows, je marche donc, pestant à voix basse. Je vais tremper les pieds dans l'eau dès que je peux, histoire de faire refroidir la colère. Bam Bam Ba Dum D-D-Dum, des semblants de beats que je siffle entre mes dents pour ne pas hurler. Flemme d'attirer la sécurité. Fuck anything and anyone that feels like cops.

Quand je juge que j'ai pris une distance raisonnable vis-à-vis de la résidence, AKA quand le bungalow le plus proche fait environs la taille de la niche du gros berger allemand de Shuxin, je décide de m'asseoir sur le rocher. Ouais ça me saoule de rester proche, ok ? Je me réserve le droit de comparer la merde de chaume à ce que je veux. Surtout quand mes jambes me lancent autant. ACH, FILS DE CHIEN—----

Je grogne en relâchant mon derrière sur la roche. Ouais parce qu'askip, je sais faire que ça cette nuit, lmao. J'enfonce les jambes qui me lâchent dans le sable humide, les ongles dans mes paumes. Et je fixe l'eau. En espérant que le mumbo-jumbo des mindfulness gurus ait un fond de vérité quelconque et que les vagues m'aident à un peu me calmer. Bam Bam Ba Dum D-D-Dum, fait la musique silencieuse dans mes oreilles, sans que j'aie la moindre envie d'exhaler ne serait-ce qu'une semi-note.